(RE)TROUVER SON CAP

(RE)TROUVER SON CAP

Sans doute avez-vous l’habitude d'emprunter les mêmes chemins, par facilité ou par routine. Notre cerveau est un expert en la matière : il sait nous orienter vers un itinéraire familier, sans trop chercher à débroussailler l’inconnu. Le même phénomène s’applique aux ruminations intérieures. Nous avons naturellement tendance à ressasser les événements, traumatiques ou non, selon une logique qui nous est propre. Le risque alors est de tourner en rond, de se retrouver piégé dans un cercle vicieux qui nous empêche d’être réceptifs à de nouvelles perspectives. Mais à quel point peut-on faire confiance à l’autre pour trouver ses propres pistes de solution ? Nous avons demandé à Julie Ouellet, directrice générale de Calacs – La Passerelle, ce qu’elle en pensait.

 

 

« Cette question, pour moi, n'a pas de sens. Tu ne peux pas compter sur les autres pour trouver des solutions à ta place », répond-elle. Elle ajoute que les gens qui viennent consulter ont souvent cette attente, qu'ils vont « se faire prendre en charge », mais ce n’est pas ainsi que fonctionne la relation d’aide. La personne qui écoute, l’intervenant·e, ne pourra jamais vivre exactement ce que nous vivons. Pour cette raison, elle n'aura pas de réponses toutes prêtes à nous fournir. « Quand tu es à l'écoute de quelqu’un, tu te centres sur la personne. Toi, tu n’existes plus. » Un peu comme le soulignait Michel Turcotte, travailleur social, dans notre précédent entretien : c’est important de ramener la personne vers elle-même. Il faut mettre en place des techniques d’écoute qui vont développer la compréhension de la personne, selon Julie. De là toute l’importance d'adopter une approche d'écoute active et bienveillante.

 

« ÉCOUTER QUELQU’UN C’EST LUI PERMETTRE D’ENTENDRE CE QU’IL DIT »

Cette phrase de Jacques Salomé a orné le tableau blanc de Julie pendant près d’une dizaine d’années, lorsqu’elle donnait des formations en écoute active au CEPS. Pour elle, c’est la base de toute intervention. « Parfois, on voit bien que la personne évite. Notre rôle c’est de rattraper le fil de sa pensée, de faire pause, de terminer sur le point qui a été le plus évité et de poser des questions ouvertes. Ce n'est pas une compétition de qui va parler le plus vite. Dans l’écoute, il faut prendre son temps », insiste-t-elle. Et dans le cadre d’une intervention, qu’elle relève exclusivement de l’écoute ou non – puisque, selon Julie, « écouter, c’est aussi intervenir, car les techniques d’écoute demandent une action » – le but est d’incarner une sorte de tableau vide, de canevas, qui permet à l’autre de projeter ce qu’il veut. Il ne faut surtout pas épaissir le brouillard, pour reprendre l’exemple de Michel, mais plutôt aider à le dissiper.

 

POUR ÉVITER LA SURCHARGE

Bien sûr, nos ami·e·s sont là pour nous épauler dans les moments les plus difficiles et pour contrer la solitude. Cependant, iels ne sont pas nos thérapeutes, ce n’est pas leur rôle. Si l’on veut prendre soin de nos relations personnelles, il est important de reconnaître que nos proches ne sont pas les meilleures personnes pour nous conseiller. « Le danger est de défaire l’équilibre », nous dit Julie. En effet, il est difficile de savoir (surtout si on ne développe pas le réflexe de le demander) si notre entourage est disposé à recevoir notre charge émotionnelle. Reconnaître nos limites et savoir quand demander de l'aide est crucial ; afin de préserver nos relations personnelles et éviter un épuisement émotionnel, se tourner vers des services spécialisés est parfois essentiel. Les centres d'écoute téléphonique, par exemple, offrent un soutien professionnel et confidentiel pour celles et ceux qui en ressentent le besoin.

 

Il est important de se rappeler que chaque existence est un voyage unique, et parfois (souvent) cahoteux. En étant à l’écoute de nos propres besoins et en utilisant les ressources mises à notre disposition, il est bien plus facile d’avancer avec confiance – et pourquoi pas vers un avenir florissant?

 

À PROPOS DE L’ASSOCIATION DES CENTRES D’ÉCOUTE TÉLÉPHONIQUE DU QUÉBEC

Vous souhaitez confier vos épreuves à une oreille attentive? Parcourez le répertoire des centres d’écoute et trouvez celui de votre région.

 

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L’Association des Centres d’écoute téléphonique du Québec souhaite exprimer sa gratitude envers Julie Ouellet pour sa précieuse contribution.