Les hommes aussi ont besoin d’écoute

« Un homme, ça ne pleure pas, voyons donc ! » En 2022, ce stéréotype est-il toujours d’actualité ? Comment écouter un homme qui s’ouvre difficilement sur ses émotions ?

Chaque homme est unique dans sa sensibilité, ses attitudes face aux aléas de la vie et son aisance à communiquer ses émotions. Il y a ceux qui se coupent de leurs affects, les autres qui s’ouvrent facilement, et toutes les nuances possibles entre les deux.

Néanmoins, le « moule » stéréotypé de la masculinité a la couenne dure et il n’est pas rare de rencontrer des hommes qui, craignant d’être pris « en flagrant délit de vulnérabilité », se mettent la pression de se montrer forts et indépendants en toutes circonstances. Sans surprise, certaines études récentes* ont démontré ce que les écoutants bénévoles et professionnels savaient déjà : les hommes attendent trop souvent d’être rendus au bout du rouleau avant d’aller chercher de l’aide.

Inspirons-nous de l’expérience d’écoutants aguerris pour accueillir et accompagner les hommes sur le chemin des émotions.

  • L’importance de l’accueil

Quand un homme franchit le premier pas et qu’il s’ouvre sur ses difficultés, ce sera bien souvent au terme d’une longue période de rumination. C’est pourquoi, dans la mesure du possible, il est recommandé de lui offrir une écoute attentive dans l’immédiat. S’il faut remettre la rencontre à plus tard, il est bon de prendre le temps de le rappeler entre-temps pour lui signifier qu’on ne l’oublie pas et qu’on valorise l’échange à venir.

  • Du pratico-pratique au sensible

Ça y est, la discussion a lieu, mais oh surprise, il n’est question que d’argent, d’organisation, de logistique… nullement d’émotions. Les hommes ont souvent cette propension à interpréter leurs défis en termes concrets et à se focaliser sur la recherche de solutions pratiques. Ici, l’art de l’écoute consiste à accueillir cette version des faits, tout en tendant à la personne quelques perches pour l’amener à contacter et à nommer ses émotions. Cela peut prendre la forme de reflets, de reformulations ou de silences, par exemple. Le respect du rythme de la personne est essentiel. À ce sujet, cet article sur l’écoute des personnes qui se concentrent sur le factuel pourrait être utile.

  • Reconnaître son droit d’être en colère

L’expression de la colère n’est pas rare chez les hommes qui ont beaucoup accumulé avant de demander de l’aide ou qui sont dépassés par des événements qu’ils n’ont pas vu venir. Il est toujours bon de demeurer ouvert et bienveillant face à ce que la personne porte de peine, de sentiment d’injustice ou de colère, d’autant plus que cette charge n’est habituellement pas dirigée vers la personne qui écoute.

  • Une approche honnête

Il n’est pas rare que les hommes soient suspicieux ou rébarbatifs face aux techniques usuelles de l’écoute active (offrir un reflet, reformuler, etc.) et, plus largement, face à l’expression des émotions, car cela leur donne l’impression de ne pas avancer concrètement. L’agacement ressenti peut même amplifier une colère déjà présente. En contrepartie, les hommes valorisent l’authenticité et apprécient les écoutants « qui sonnent vrai ». Cela dit, le silence a toujours sa place, surtout devant l’expression de la tristesse. L’idée pour l’écoutant est d’adapter sa manière de communiquer son écoute, mais son attention aux émotions demeure une priorité malgré tout.

Des ressources utiles

Si le besoin d’écoute de vos proches dépasse les limites de ce que vous pouvez ou souhaitez offrir, n’hésitez pas à les orienter vers d’autres ressources. Une vingtaine de centres d’écoute existent à travers le Québec. En y faisant appel, vous serez en contact avec des écoutants qui sauront prendre un moment pour simplement être avec vous, pour accueillir vos émotions et vos états d’âme.

Ces écoutants ne sont pas des professionnels de la santé ni des membres d’un ordre professionnel. Ce sont des hommes et des femmes qui se sont portés volontaires, qui ont été sélectionnés, formés et supervisés pour vous écouter adéquatement. Ces personnes ont des techniques de base en écoute active, mais surtout elles démontrent un savoir-être pour entendre vos confidences ou vos réalités plus sombres, voire innommables.

Consultez le répertoire de l’Association des centres d’écoute téléphonique du Québec (ACETDQ) pour identifier le centre d’écoute de votre région.

Vous souhaitez aider d’autres personnes en devenant écoutant bénévole ? Découvrez les opportunités de bénévolat dans le centre d’écoute de votre région.

Source : texte rédigé par l’Association des centres d’écoute téléphonique du Québec, en collaboration avec Valérie Richer, ex-directrice générale du Regroupement provincial en santé et Bien-être des hommes.